«C’est la vie » : Une coalition d’organisations pour l’opérationnalisation de l’enseignement de l’Éducation à la Vie Familiale dans les programmes scolaires de la Guinée
Composée de 10 organisations de la société civile, de structures Étatiques, de partenaires techniques et financiers ainsi que des journalistes, la coalition « C’est la vie » se veut être un cadre de concertation et d’échanges en vue de contribuer à faire progresser la santé et les droits sexuels et reproductifs des adolescents/adolescentes, des jeunes et des femmes de Guinée
En établissant des alliances solides à travers la coalition CLV, le but de notre de notre action est d’unir nos forces autour d’un mouvement social fort et inclusif en faveur du changement afin d’amplifier nos voix pour donner un écho considérable aux préoccupations des communautés et être mieux entendu par les décideurs. Ce cadre d’expressions et de partages de connaissances est donc une initiative qui nous permet d’impulser les dynamiques locales par la création d’environnement plus sûrs pour les femmes et les filles à travers l’amélioration de leurs droits sexuels et reproductifs et la transformation des normes sociales ancrées dans nos territoires et qui favorisent le dialogue autour des sujets liés à la sexualité.
En effet, souvent considérées comme des éléments relevant du tabou, les questions liées à la santé sexuelle et reproductive et à l’égalité du genre sont peu discutées au sein de nos sociétés, pour des raisons culturelles, religieuses ou politiques. De ce fait, les communautés particulièrement les jeunes éprouvent parfois des difficultés à échanger et discuter des problématiques liées à leur santé reproductive. Ainsi, par manque de connaissances approfondies sur ces thématiques, les adolescents et les jeunes font face à des obstacles liés à l’accès à l’information mais également aux services, entraînant une faible matérialisation de leurs droits sexuels et reproductifs.
Ce manque d’informations et de dialogue, aussi bien au sein des familles, dans la société de manière générale ainsi que dans le milieu scolaire, exposent les adolescents/jeunes à des pratiques néfastes pour leur bien-être et épanouissement avec une sexualité précoce et des comportements sexuels à risques. De tels manquements ont des répercussions auprès de cette cible jeune qui ne jouit pas de leur plein droit en termes d’acquisition d’information et de services sur leur santé reproductive avec des conséquences souvent dramatiques. Les chiffres ci-dessous en témoignent.
● Selon l’Enquête Démographique de la Santé (EDS) réalisée en 2021, 20% de jeunes filles de 15-19 ans ont déjà eu des rapports sexuels.
● De plus, durant l’année scolaire 2023, 4006 cas de grossesse précoce en cours de scolarité ont été enregistrés,selon un rapport du service national de l’éducation civique du Ministère de l’enseignement pré universitaire
● Le niveau de connaissance du cycle menstruel est de 24 %( 4 femmes de 15 à 49 ans situant la période de fécondité au milieu du cycle entre deux périodes de règles selon une fiche descriptive des indicateurs de la santé de la reproduction de l’ONG « EQUIPO » (équilibre et population) sur la Guinée
Aujourd’hui, beaucoup d’adolescentes n’ont pas de connaissances sur leur cycle menstruel. Fanta. Elle avait 11 ans lorsqu’elle a vu ses règles pour la première fois. Elle était en salle de classe. N’ayant jamais eu d’informations sur le processus de développement de son corps, elle a cru qu’elle allait mourir. En effet, elle fut prise de maux de ventre et senti quelque chose de chaud et humide lui couler sur les cuisses. Elle ne savait pas quelle attitude adopter et se leva pour aller en parler à l’enseignant. Toute la classe se mit à rire en voyant son pantalon taché de sang. Elle se mit alors à pleurer. Le prof lui demande de rentrer à la maison. Arrivée chez elle, en pleurs et incapable de s’expliquer, sa mère la rassure : « Fanta cela veut dire que tu grandis et que tu deviens une femme. Maintenant tu perdras du sang tous les mois. » Et Fanta fut apaisée.
Cette situation vécue par Fanta et tant de jeunes filles dans notre pays aurait pu être évitée si toute la communauté, parents, enseignants en particulier, avait pu lui donner les informations nécessaires sur son corps et sa sexualité. Ces informations, dans le milieu scolaire, permettent par exemple, que les adolescentes ne soient plus surprises et effrayées par l’arrivée de leurs premières règles, ou que celles et ceux qui ont des rapports sexuels très précoces puissent se protéger contre les Infections Sexuellement Transmissibles et les grossesses non désirées.
Nous appelons donc toutes les parties prenantes à savoir les communautés, la société civile
En effet, les études scientifiques ont montré qu’une éducation et une information complètes de qualité à l’école permet :
● Le recul de l‘âge des premiers rapports sexuels ;
● De réduire le nombre de partenaires et la fréquence des rapports ;
● D’augmenter les pratiques à moindre risque (utilisation de préservatif, contraception etc.)
Il est prouvé que l’Éducation à la Vie Familiale Saine peut sauver des vies. C’est en cela qu’un engagement avait été pris en 2020 par le Gouvernement Guinéen, pour accélérer le processus d’enseignement de cette thématique dans les programmes scolaires. Cependant les modules ne sont pas totalement intégrés dans le circuit scolaire de notre pays. C’est dans ce cadre que la coalition CLV en Guinée mène des actions de sensibilisation et de plaidoyer, appelle à une union sacrée autour de cette thématique et exhorte les communautés et les partenaires techniques et financiers à soutenir notre gouvernement pour une réelle opérationnalisation de l’Éducation à la Vie Familiale sur l’ensemble du territoire national en formant, auparavant, les enseignants devant dispenser les modules aux élèves.
Nous donnerons ainsi la chance aux filles et aux garçons d’avoir une vie scolaire épanouie avec des informations correctes et scientifiquement justes.
Organisations membres de la coalition CLV-Guinée
● Association Guinéenne pour le Bien Être Familial
● Institut national de recherche et d’action pédagogique (INRAP)
● FOSAD (Fondation Santé et Développement)
● SNEC(service national d’éducation civique
● FMG (Fraternité médicale Guinée)
● Association des journalistes en Santé (AJS)
● AGFA (association guinéenne des femmes autonomes)
● Association des journalistes en Santé (AJS)
● ASFEG MASSI (association des femmes et filles de Guinée pour la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le SIDA)
● Direction nationale santé familiale et nutrition
● AFRIAN
● Mouvement d’action des jeunes
● ABLOGUI(association des blogueurs de Guinée)
● F2DHG
● Réseau des jeunes SR/PF
● PLAN GUINEE
Ci-dessous le document au format PDF en lien téléchargeable
